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Réductionnisme des autorités politiques face au COVID-19?

4 janvier 2021

Photo par Adriano Pucciarelli sur Unsplash

On dirait que des voix s’élèvent, dans le monde de la recherche, pour dénoncer le réductionnisme de l’approche au COVID-19 (traitement + vaccin = tout ira bien). C’est là le thème d’un article du Lancet de septembre.

thelancet.com

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Offline: COVID-19 is not a pandemic

As the world approaches 1 million deaths from COVID-19, we must confront the fact that we are taking a far too narrow approach to managing this outbreak of a new coronavirus. We have viewed the cause of this crisis as an infectious disease. All of our interventions have focused on cutting lines of viral transmission, thereby controlling the spread of the pathogen. The “science” that has guided governments has been driven mostly by epidemic modellers and infectious disease specialists, who understandably frame the present health emergency in centuries-old terms of plague.

Pour mémoire, le réductionnisme est une attitude logique qui consiste à vouloir réduire des phénomènes à l’essentiel, et écarter ce qui n’est pas indispensable. Sur le plan de la démarche, c’est une bonne action, tant qu’on fait les choses avec mesure.

Par exemple, on peut exclure Dieu ou la Providence d’un calcul astrophysique de l’orbite de Mars autout du Soleil, et obtenir d’excellents résultats. Ceci n’est pas de l’athéisme. C’est simplement une application sage le principe d’économie, qui est à la base de toute bonne démarche scientifique.

Par contre, il existe un travers qui consiste à en faire trop dans ce domaine, et couper des éléments qui seraient indispensables à la compréhension d’un phénomène. Pour rester dans le même thème: enlevez la théorie de la relativité introduite par Einstein, et des erreurs apparaîtront dans les prédictions de l’orbite de Mercure autour du Soleil.

Similairement, ignorez l’influence de la lumière sur la croissance des plantes et vous aurez des échecs massifs dans l’agriculture. Refuser de considérer des éléments qui pourraient expliquer un phénomène n’est pas de la bonne science. C’est du réductionnisme, qui au contraire casse une science ou une technique, en la privant volontairement d’éléments indispensables à son bon fonctionnement.

Le réductionnisme de l’être humain au somatique

La frange médicale qui tente de tout expliquer par des déséquilibre physiologiques ou anatomiques, a souvent été la cible d’attaques de la part du reste de la communauté scientifique pour cause de réductionnisme.

En ignorant la vaste complexité de la vie (et particulièrement de la vie morale humaine), elle s’expose à des échecs répétés. À cela il faudrait ajouter que de nombreux psychiatres ont une vision purement somatique de tous les troubles humains qui leur sont confiés, qui confine quasiment à l’axiome «  la guérison passe par une opération chirurgicale ou l’administration d’un médicament  ».1. Cette tendance a commencé à la fin du XIXe siècle, pour des raisons qui tenaient beaucoup plus de l’acceptation sociale des fondateurs de la psychiatrie par le corps médical, que de considérations purement scientifiques.

Définition de ‘somatique’

Qui concerne le corps; qui est organique, qui provient de causes physique 2.

Du coup, opposer «  somatique  » et «  psychiatrie  » dans les discours de politique sanitaire n’a plus guère de sens, vu que beaucoup de psychiatres sont eux-mêmes (par orientation idéologique) des réductionnistes de tout phénomène humain à l’aspect somatique. Le discours de certains d’entre reux qui capitalisent sur cette différence qui n’existe pas à leur propres yeux pour se mettre en avant est une contradiction qui tient de la mauvaise foi – et appartient plus à la sphère politico-idéologique qu’à la science.

Que sortira-t-il du concept de «  syndémie  » ?

Pour revenir à l’article du Lancet, qui met en avant la notion de syndémie, c’est-à-dire la coexistence de plusieurs causes dans une pathologie qui frappe une communauté, reste à voir ce qui en sortira.

Définition de ‘syndémie’

Syndémie:: Un entrelacement de problèmes de santé pour une personne (physiques, et/ou psychiques) qui se renforcent mutuellement les uns les autres, et portent atteinte à la santé globale de la personne3.

Par extension, le terme est utilisé pour décrire des phénomènes qui affectent la société humaine en général, ou des parties d’une société humaine.

Si c’est pour élargir le discours et commencer à introduire des notions essentielles au bien-être et à la santé, telles que la pureté de l’air, l’alimentation, les conditions de vie et de travail, etc. le concept de syndémie est bienvenu.

Si c’est au-contraire pour le restreindre, de façon détournée, à un discours exclusivement somatique, mais mené par d’autres personnes (notamment des psychiatres de l’école réductionniste) alors ce pourrait n’être qu’un enfumage idéologique de plus; sans doute mené pour des raisons qui ont moins à voir avec la science, qu’avec des considérations de pouvoir et de subventions de la part de l’Etat et/ou de l’industrie.

En tout cas, ce serait effectivement faire preuve d’un minimum de bon sens et d’honnêteté intellectuelle que d’admettre que ce qui ne va pas avec le COVID-19 n’est pas uniquement dans la virulence d’un virus ou sa transmissibilité. Mais qu’il faudrait prendre en condisération toutes sortes de facteurs, qui ont à voir de près ou de loin avec le bien-être de la population.

Un rôle aggravant, chez certains chercheurs et autorités politiques ?

Dont un des facteurs, particulièrement important et qu’il est nécessaire de considérer, est les erreurs d’appréciation et d’exécution – venant d’une proportion non négligeable de chercheurs et d’autorités politiques qui ont eu jusqu’ici la charge de la crise depuis mars 2020.

L’erreur est humaine, dit le proverbe, mais persévérer dans l’erreur est diabolique. Leur incapacité foncière à se remettre en question, leur obsession d’avoir toujours raison par rapport à toute objection même fondée, et leur refus de reconnaître l’existence de conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique ou des machines, ont été un frein à la résolution de la crise. Cela constitue autant d’indices de dysfonctionnements graves, voire de négligences, qui ne peuvent être ignorés.

La rôle des personnes qui ont géré cette crise devra donc être mesuré, car il se pourrait que certaines actions ont eu des aspects aggravants.

Si on parle de syndémie, alors il faudra aussi poser la question de quels comportements à caractère hostile ou oppressant, chez des personnes du monde universitaire, ou du monde politique pourraient être effectivement nuisibles à la santé publique; voir favoriser indirectement l’émergence de pathologies dans la population, au lieu les combattre efficacement ?


  1. Rosenberg, Charles. 2006. Contested boundaries. Psychiatry, disease, and diagnosis. Perspectives in Biology and Medicine 49(3): 407-424. doi: 10.1353/pbm.2006.0046, http://nrs.harvard.edu/urn-3:HUL.InstRepos:4730323 

  2. Source: TLFi https://www.cnrtl.fr/lexicographie/somatique 

  3. Merrill Singer., Introduction to Syndemics: A Systems Approach to Public and Community Health., San Francisco, CA, Jossey-Bass, 2009