Aller au contenu

La gaffe politique de LinkedIn, qui se mêle du référendum Covid en Suisse

12 juillet 2021

Surprise, surprise, les censeurs de LinkedIn ont été pris la main dans le sac, et non pas très intelligemment… à intervenir avec un biais politique, dans les affaires politiques intérieures de la Suisse, de sorte qu’ils seraient susceptibles d’influencer les votations…

(credit: Markus Winkler on Unsplash)

Mais rassurons-nous: je ne pense pas qu’il le font exprès, dans un quelconque but de domination politique. Ce n’est que la banalité du mal, pour une entreprise multinationale où l’irresponsabilité individuelle des employés est devenue la règle.

Regardez, n’est-ce pas instructif?

Message du 10 juillet, censuré

Evidemment, cela fait un peu sourire. LinkedIn a naïvement censuré un message humoristique qui protestait contre les injures qui avaient plu depuis un ans sur ceux qui souhaitaient un débat démocratique.

Mon message était certes acide, mais il avait un mérite: il ne s’adressait à personne en particulier, et prenait à partie un petit groupe politique sans le nommer (mais quelqu’un s’est senti personnellement visé, manifestement).

Et il rappelait à tous, que 187‘000 personnes avaient signé le second référendum contre la loi Covid.

Et les les censeurs n’étaient peut-être pas très heureux qu’on rappelle que des centaines de milliers de Suissesses et de Suisses n’apprécient guère la façon dont LinkedIn a traité sélectivement l’information politique durant les derniers mois; et a donc sans doute influencé, en pratique, la campagne de votations.

Et voilà que ça risque de faire un bel effet Streisand. Je vois déjà les titres presse: «  LinkedIn censure le référendum Covid!  » (les loups entre eux).

Les actionnaires et les managers de LinkedIn savent parfaitement qu’ils ont un sérieux problème d’image auprès du public, à cause de leur censure; et que ce n’est pas viable à moyen terme. Et qu’ils n’ont pas la morale pour eux, et pourraient même être hors-la-loi (violation de la loi sur les cartels). Et donc, je ne vais pas les rater !

La censure sélective de LinkedIn

La censure, par définition, est forcément sélective. C’est un filtre.

LinkedIn avait-il peut-être censuré les journaux et les personnes qui traitaient les gens en les citant nommément – sans justification valable – de complotistes, d’irresponsables voire de criminels? Censure-t-il les politiciens suisses ou français qui ont lancé des injures incroyables contre des opposants politiques ou leurs administrés qui pensaient différemment?

LinkedIn a donc, en pratique (mais non dans l’intention) soutenu une campagne de mobbing, de discrimination sociale et de violations des droits de l’homme.

c’est parce que LinkedIn est biaisé pour soutenir les «  riches et les puissants  » contre les mouvements démocratiques. C’est normal, pour une multinationale qui craint la concurrence et tout ce qui pourrait menacer sa position dominante.

Et pourquoi cet interventionisme de LinkedIn dans les institutions démocratiques nationales? Parce que les censeurs de suivent, en pratique, une ligne politico-idéologique décidée dans un Conseil d’administration qu’ils imposent rigoureusement dans tous les pays d’Europe. Ils coupent les idées politiques des gens qui ne leur plaisent pas, afin de favoriser celles qui leur plaisent.

Il ne le font pas nécessairement dans le but d’influencer les institutions politiques. Mais parce qu’ils sont conservateurs, et qu’ils ne veulent pas le changement. Ils veulent la tranquillité et un flux stable de revenu.

Et donc on est arrivé au point que LinkedIn en vient à menacer – non pas exprès, mais par ignorance, par incompétence et par négligence – le fonctionnement des institutions politiques de la Suisse… tout comme l’Église de Rome l’avait fait au XVIIIe et au XIXe siècle. Car c’est de cela qu’il s’agit: d’une répression active de facto du droit à la liberté de pensée, au nom de dogmes politico-idéologiques étriqué, qui sont décidés en haut lieu (dans le cas des multinationales: afin de maximiser les profits).

Les multinationales «  politiquement correctes  », tombeau de l’éthique professionnelle

À force de poursuivre une idée erronée de l’éthique qui ressemble plutôt à des rituels extrêmement cruels de religions antiques, voilà une entreprise qui s’est submergée sous les lois, règlements, procédures, et les déclarations politiquement correctes qui sentent le moisi…

Tout doit être prévu dans le manuel, sinon personne ne bouge d’un pouce. Et si c’est dans le manuel, on doit faire coûte que coûte.

C’est tout un carcan idéologique qui aliène les employés, et les transforme en robots privés d’âme et de conscience. Le crime majeur, quand on travaille pour une telle entreprise, est de prendre une quelconque initiative; penser par soi-même, hors du sacro-saint manuel, est un sacrilège. Et une telle entreprise, devient susceptible de commettre le pire, car la conscience individuelle y est devenue une anti-valeur.

Penser, c’est mal.

C’est, au fond, l’organisation collectiviste typique du taylorisme; où règne terreur de l’individualité. La créativité, l’imagination, le rêve, tout ce qui peut introduire de la variation dans les gestes rigoureusement et machinalement exécutés, c’est en effet la porte ouverte à tous les abus.

Après la Seconde guerre mondiale, on avait assimilé ce genre de dérives plutôt à l’Union soviétique. Mais au fond, ce n’est pas une question de savoir si une grande organisation – Parti unique ou multinationale cotée à New York – sert la cause du communisme où celle de ses actionnaires.

C’est une question de savoir à partir de quel moment elle a cessé de diriger des êtres humains; et à partir de quel moment elle commence à n’avoir plus que des robots humains, terrifiés de perdre leur travail et leur place dans la société, s’ils faisaient autre chose que d’obéir aveuglement aux ordres, ou qu’ils exprimaient une seule idée personnelle.

Se taire, faire semblant, répéter des mantras auxquels personne ne croit, vivre une vie professionnelle faite d’anxiété et d’hypocrisie, voilà désormais la vie dans certaines de ces grandes boîtes.

Le deprogramming au lieu de la compliance

N’est-ce pas affreux. Ces politiques corporate qui prétendent faire de la compliance, causent la mort de la conscience humaine.

La compliance voudrait dire (en théorie) agir de façon responsable, intelligente, de façon à respecter des normes. Mais dans certains cas, ce n’est pas cela qui se produit.

Ce qui se produit, est un totalitarisme règlementaire : un lavage de cerveau à base de procédures à suivre et de cases à remplir. C’est un suc digestif qui liquéfie les cerveaux, tue l’initiative individuelle, réduit les êtres humains à des machines automatiques, détruit la créativité, et interdit à quiconque de faire usage de sa parcelle de conscience divine.

Cela veut dire que l’entreprise devient plus mauvaise qu’elle ne l’avait jamais été : car tous les abus deviennent possibles, dès lors que le sacro-saint règlement leur ouvre la porte. C’est la fabrique du crime aveugle.

Et en plus, les employés de LinkedIn ont ceci de particulier qu’ils sont au service de l’Algorithme, qui leur sert aburdement de Dieu, de guide spirituel et de directeur de conscience.

Et l’on découvrira que des employés d’entreprises ainsi déprogrammés sont capables du pire; non pas de façon méchante, ni intentionnelle. Au contraire, de façon non-intentionnelle, irresponsable, myope: parce qu’ils ne sont plus que des Teslas lancées à toute vitesse sur les passages piétons.

Ils choisiront de «  passer sur le corps de la vieille dame  », soit parce qu’ils ne l’ont pas vue, soit parce que la procédure disait que le pare-chocs devait être preservé. C’est dans le règlement.

Si LinkedIn pratique une politique activement à rebours des droits politiques, de la responsabilité sociale, et des principes du débat démocratique, ce n’est pas par méchanceté. S’il va jusqu’à détruire des vies, bouleverser des êtres, tuer des consciences et même priver des familles de leur gagne-pain, ce n’est la faute qu’à son Règlement sourcilleux et sans pitiét, et à son Algorithme.

La censure de LinkedIn est devenue le paradigme de l’Entreprise Socialement Irresponsable: la grosse usines à gaz sans coeur et sans âme, le Frankenstein capable sans restriction du pire, car ses décision ne reposent plus que sur des machines sans âme et sans éthique – qu’elles soient à base de puces de cilicium, ou de cellules humaines.

C’est la machine à décerveler qui a transformé ses employés en automates programmables, étiquetés et classés. Et ces pauvres êtres aliénés, tout comme l’Algorithme, prennent tout au pied de la lettre; parce qu’ils ne distinguent plus l’humour, du persiflage, du discours sérieux.

LinkedIn comprend-il le discours figuré ?

La prochaine fois que quelqu’un écrira «  il pleut des cordes  », est-e que la censure s’abattra? Car n’est-ce pas là une incitation au suicide?

Alors vais-je leur écrire pour protester face à la bêtise artificielle? Ma question est : À quoi bon? Reste-t-il encore un seul être humain chez LinkedIn, qui n’a pas été déprogrammé et reprogrammé, et est encore capable de penser avec sa tête?

Quelqu’un qui comprend le sens figuré, l’humour, les bons sentiments, la liberté, la démocratie?

J’ose encore l’espérer. Parce que sans l’imagination humaine, LinkedIn va inévitablement mourir, complètement vidé de sa substance, et dépassé par la concurrence ou écrasé par la répression de l’Etat. Et il nous faudra alors trouver un autre vecteur pour nos communications professionnelles.

Et dans ce cas là, combien de semaines, ou de mois, avant que LinkedIn prenne le chemin de Kodak, de Nokia, ou de Panamerican Airlines ?